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ATELIER D'ECRITURE

Portraits d'Anciens élèves

du lycée Chaptal de Paris

 

​

Anthony Valentini

par

Ninon Laporte

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Chez le psychologue

 

 

[…]

ANTHONY

Je vous ai parlé du dernier livre que j’ai lu ? La Maison d’Emma Becker ?

 

PHYSCHOLOGUE

C’est un folio ?

 

ANTHONY

J’ai déjà parlé de ma bibliothèque de folios ? Vous avez relevé ? C’est si significatif que ça ? C’est vrai que j’aime bien que ma bibliothèque soit bien rangée. Comme dans ma tête en fait. J’aime quand les choses sont bien organisées.

 

PSYCHOLOGUE

Vous « aimez bien », vous aimez que les choses soient « bien » organisées. Pourquoi dites-vous ça à votre avis ?

 

ANTHONY

Je pense avoir un besoin de contrôle. Je dis ça parce que ce besoin touche tous les aspects de ma vie. Enfin, même mes livres… Mais j’ai quand même un attachement particulier aux livres. Enfin il y a juste à voir l’alignement des folios dans ma bibliothèque comme vous l’avez fait remarquer. Mais je pense que c’est un attachement aux objets en général finalement. J’ai l’impression que ça me rassure d’être bien entouré. Ou peut-être que ça me protège aussi... Mais c’est intéressant qu’aujourd’hui, j’aime autant lire alors qu’en hypokhâgne j’étais pas très investi. S’il y a bien un endroit où j’aurais dû lire et relire c’était en prépa. Mais j’y étais presque comme un touriste... Comme si je prenais pas la formation au sérieux. J’aurais peut-être pu plus profiter de l’enseignement, des cours... C’est dommage quand même. Je voulais tellement être un l’élève qui amusait la galerie. Quand j’y repense je me dis que si j’y retournais aujourd’hui je m’investirais beaucoup plus. C’est comme si, à l’époque, j’avais un besoin de reconnaissance qui voulait se combler. J’arrivais pas à être en phase. Peut-être même encore aujourd’hui en fait… Vous voyez je voulais être un bad boy mais aujourd’hui je suis plutôt le gendre idéal hahaha… Mais c’est plus qu’un besoin de reconnaissance en réalité… C’est un besoin de perfection je pense…

 

PSYCHOLOGUE

Vous pouvez développer ?

 

ANTHONY

Disons que j’ai envie que tout soit parfait tout le temps. C’est un peu comme une obsession qui sous-tend tout ce que j’entreprends. Si je suis pas au maximum, ça vaut rien. Tiens ça me rappelle un évènement d’ailleurs. Quand j’étais petit, je faisais beaucoup d’athlétisme. Et franchement, c’est pas pour me vanter mais j’étais pas mauvais ! Je faisais de la compétition et je gagnais souvent ! De toute façon, je vous ai déjà parlé de mon rapport au sport. Enfin bref, l’athlétisme. Un jour j’étais en compétition. Et même si j’étais pas mauvais, et bah cette fois-ci c’était différent. J’ai commencé à courir au départ comme les autres, et je me suis fait très rapidement distancer. Les autres étaient bien meilleurs. J’ai vu que cette fois-ci, j’allais pas gagner. J’ai arrêté de courir. Juste comme ça. J’allais pas être premier donc j’ai arrêté.

 

PSYCHOLOGUE

Qu’est-ce que vous avez ressenti en vous arrêtant en plein milieu de la piste ?

 

ANTHONY

Sur le moment j’étais sûr de moi. J’allais pas gagner. J’allais pas être le premier. Ça allait pas être une course parfaite. Ça semblait une évidence de m’arrêter. Mais ma mère était tellement furieuse ! Elle était tellement déçue, elle ne m’a pas parlé pendant deux semaines. Et ça, c’était horrible. Vous voyez j’y repense encore aujourd’hui. C’était pas un sentiment agréable du tout, et ça l’est toujours pas. Je sais pas vraiment si je peux parler de regret parce que, sur le moment, ça me semblait être LA chose à faire. Sur le moment, je ne voyais pas comment faire autrement. Rétrospectivement, je pense que j’aurais dû continuer. Après, je repense beaucoup au passé de manière générale. Je m’interroge sur le passé, sur ce que j’aurais pu faire autrement, sur ce que j’aurais pu faire mieux… Mais on en a déjà parlé de ça il me semble. J’ai du mal à m’en détacher. Même de mes études, de ma jeunesse. J’aime bien y penser. Mais je me rends bien compte que c’est pas le cas pour tout le monde. Vous voyez mon ami d’hypokhâgne ? Mon témoin de mariage ? Lui il déteste. Il n’a aucune nostalgie pour cette période. Et encore moins de regret ! Alors que moi j’aime bien y repenser. J’ai même gardé contact avec ma professeure de littérature d’hypokhâgne. Je ne sais pas si je vous ai déjà parlé d’elle.

 

PSYCHOLOGUE

Vous m’en parlerez la prochaine fois. On va s’arrêter là pour aujourd’hui.

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