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Portraits d'Anciens élèves

du lycée Chaptal de Paris

 

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Anthony Valentini

par

Nathan Patron

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Journaliste pour Médiapart, Nathan Patron était présent lors de la rencontre entre les hypokhâgneux du lycée Chaptal et un ancien élève, désormais directeur général d’une Chambre de commerce et d’industrie. L’intérêt de la réunion est de partager des expériences d’ancien préparationnaire et d’informer sur les débouchés des classes préparatoires littéraires. L’ancien élève était Anthony Valentini.

 

Anthony Valentini, directeur général de la CCI Vendée (depuis 2016) et celle de Nantes St-Nazaire (depuis 2019), est l’un de ces individus si attachés à l’entrepreneuriat qu’on pourrait le rapprocher de ces fiers macronistes. Il ne l’est peut-être pas, il partage pourtant leur formation. Il a passé sa terminale à Singapour pour ensuite entrer en classe préparatoire parisienne. Il suit une licence d’histoire en Sorbonne pour poursuivre une maitrise de Sciences politiques à Panthéon-Assas. Etudiant, il en saisit la rhétorique quasi-publicitaire et l’anticommunisme primaire. Loin d’être dans les préjugés, les hypokhâgneux du lycée Chaptal ont pu témoigner de son discours, en novembre 2021. A la question d’un des élèves qui souhaitait connaitre son avis sur la plateforme Parcoursup, il affirme radicalement son opposition puisqu’il dit la considérer comme « pire que l’URSS ». Ce dernier reproche moins l’inégalitarisme de la plateforme que sa gestion « bureaucratique » ; ce n’est pas surprenant quand en remontant son compte Twitter, Anthony Valentini (@Antho_Valentini 1) semble préférer que les entreprises aient plus de liberté et d’autorité dans la formation et l’employabilité des jeunes bacheliers. De même, ce dernier dépréciait le terme « collègue » au profit de « collaborateur », refusant « camarade » parce qu’il ferait « trop communiste ». Il rejette la camaraderie et « l’amitié » intrinsèque du sens familier de « collègue » mais ne soucie guère de l’imaginaire pétainiste sous-jacent de « collaborateur ». S’il considérait « l’URSS » comme la « pire » des abominations, nous en avons la confirmation quand il préfère « collaborateur » à « camarade ». Des détracteurs nous reprocherons d’ergoter mais l’importance qu’on accorde aux mots nous semble significative. 

Anthony Valentini, c’est surtout le cool control. Il se présente sympa, souriant, blagueur mais son statisme le trahit. Il veut l’être mais son perfectionnisme l’en empêche. En effet, il confie aux hypokhâgneux qu’il aurait aimé être un bad boy mais qu’il demeure un gendre idéal. Il veut être transgressif mais sa rigueur s’y oppose. Ce qui explique en partie son goût pour Orelsan. Le tiraillement entre le cool et le control se retrouve dans ce rap parfois contestataire souvent emphatique. En effet, intéressant qu’Anthony apprécie L’odeur de l’essence ; chanson emphatique qui caractérise le rappeur qui en sort une à chaque album : No Life, Suicide social, San… Surprenant qu’un rappeur choisisse de se faire contestataire par une forme très grandiloquente, pompeuse voire impériale… autoritaire en somme. Surprenant de vouloir subvertir l’ordre par une musique qui s’en inspire. Il est, ainsi, moins surprenant que celui qui veut se faire cool se retrouve dans ce genre musical… mais son goût pour le control le rattrape. Il veut être cool s’il le control… seulement le second plaît peu au premier.  Il se fait cool dans le fond mais veut que la forme soit rigoureuse, autoritaire. Il veut être parfait ou du moins que tout soit parfait. Il veut avoir le contrôle sur tout comme le marché qui accapare, privatise tout ; des biens aux sentiments. Devant les hypokhâgneux, Anthony Valentini tenait à mettre en avant son team building par de petites considérations comme distribuer des bracelets de montre « bleus, blancs, rouges » à ses « collaborateurs ». Cette attention aurait pu être touchante si elle ne traduisait pas cette volonté du libéralisme de tout marchandiser. Il en est la fervente incarnation, il marchandise tout, tout est marchandise, à commencer par son patriotisme mais, en même temps, il reste scandalisé qu’un vulgaire prix soit attribué à un Balzac. C’est en cela, que la macronie lui convient si bien. Surtout quand il est dans le « en même temps ». Aux étudiants de Chaptal, il confie son attachement à la France (réduite à de vulgaires marchandises) mais en même temps apprécie « l’interculturalité » tout en condamnant le chauvinisme. Également, il leur confie « être ambitieux, ne jamais baisser les bras » mais raconte lors d’un cross avoir arrêté en pleine course sachant qu’il ne terminerait pas premier. Ambitieux dans ce qu’il contrôle… mais quand le sport impose les aléas de la vie, le voilà bien prudent ! L’ambitieux échoue quand il ne maitrise pas ce qui lui échappe ; quand le cool perd le control, retour à l’autorité. Le en même temps est son confort ; il ne se compromet jamais, en cela il est sous-contrôle. Lui-même le revendique, il assume ne pas « aimer le conflit » et « ne pas être clivant ». Il est un tiède. Et, comme l’aime citer son ancienne professeure de lettres, « parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche »2.

 

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 https://twitter.com/bfmbusiness/status/1486669742765187079

 

Citation sortie de son contexte ; elle n’est qu’une boutade entre un élève et son professeur.

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