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DISPOSITIFS

Le commun des mortels

 

 

Carte 9

 

La rue Daviel a une sacrée pente. On prend son départ au croisement de la rue Barrault, et on court à toute vitesse, en se laissant entraîner par son poids. On passe devant les pavillons de briques rouges, pittoresques autour de leur cour soignée, et déjà leur barrière de bois peint en vert est derrière soi. Le pimpant béguinage a disparu. On n’a pas eu le temps de regarder les vieux postés derrière leurs persiennes et leurs petits pots de fleurs proprets. D’un seul trait on atteint le Monoprix en traversant la rue Vergniaud sans s’arrêter. Ensuite, on gambade jusqu’à l’arrêt d’autobus. Comme il est tôt, on compte sa monnaie, et certaines fois on a assez pour s’acheter un croissant au beurre croustillant et chaud qui laisse les mains grasses. On ne manque pas de se raconter la blague du lépreux en dégustant les miettes dans le froid piquant du matin. On a des larmes qui coulent au coin des yeux. Un coup de langue, dommage, c’est salé. L’air est pur, on respire à pleins poumons. Paris village n’est pas encore réveillé. Les freins du bus crissent. « Sésame ! ouvre-toi ! » et hop on monte.

Assis dans la rotonde, on domine la situation. Le demeuré du pèlerinage du Curé d’Ars fait la conversation au chauffeur qui roule à fond les ballons. Sainte-Anne a sorti ses fous pour la journée. Il est tôt. Les banquettes sont vides. Pas une vieille barbue pour venir coller son derrière importun à côté du mien et marmonner ses commentaires sur la météo. Intérieurement, je chante à tue-tête : Marie trempe ton pain, Marie trempe ton pain dans la soupe ; Marie trempe ton pain, Marie trempe ton pain dans le vin ...Nous irons dimanche, à la maison blanche... C’est un peu répétitif, mais c’est un beau projet.

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