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Père-Lachaise 2018

 

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Alice de l’autre coté de la tombe 

 

 

 

Bonjour vous ! 

Oui vous, 

Oui vous là, c’est à vous que je parle ! Bonjour, vous allez bien ? 

Vous devez probablement être perplexe, vous demander pourquoi je m’adresse à vous. D’ailleurs me voyez-vous ? Probablement pas, je suis morte, il y a 145 ans.

Mais vous ne me connaissez pas non plus ! Pardon, j’en ai oublié toutes les politesses, vous savez depuis tout ce temps…

Moi c’est Alice Moussard, yeux marrons, cheveux blonds et longs, 14 ans, 1mètre 65, qualité : rigolote, défaut : pipelette et morte depuis 1873…vous savez je suis bien triste, rester seule ici, morte et emmurée mais pourtant vivante, n’ayant que l’ouïe comme lien avec le monde et n’ayant que vous, être imaginaire de mes pensées…Bref je divague, je reprends : morte en 1873, une belle époque et je me retrouve avec vous dans une époque bien étrange et dans un lieu tout aussi intriguant …

« Où sommes-nous ? » dites-vous ? Mais enfin nous sommes au Père-Lachaise, grand cimetière parisien où les tombes sont un décor et non pas la terre consacrée aux pleurs et aux recueillements.

N’entendez-vous pas le sombre croassement des corbeaux, ces pas pressés, maladroits, hasardeux, lents sur les glissants pavés ? 

Vous entendez maintenant ? Bien, très bien ! 

 

Maintenant écoutez, concentrez-vous sur un son précis et imaginez un scénario, vous allez voir c’est assez distrayant, cela nous laisse croire que la mort n’est pas si terrible après tout…

 

Voilà un pas rapide qui vient, quelqu’un semble courir (drôle d’idée de courir dans un cimetière), mais c’est un son sans intérêt, on l’entend très souvent, trop souvent, même si après toutes ces années je ne sais toujours pas après quoi ils courent. 

 

Concentrons-nous plutôt sur autre chose si vous le voulez bien ! 

 

Ecoutez… il y a un groupe qui avance, ils doivent être nombreux, peut-être 15, c’est probablement un groupe de touristes… 

Mais qu’est-ce que des touristes feraient près de la tombe de la petite Alice, ne devraient-ils pas être près de Balzac ou de Jean de la Fontaine, après tout il n’en y a que pour eux. 

Ecoutons mieux… J’entends des voix, elles sont assez jeunes, pas de voix de guides… Je n’entends pas non plus de langues étrangères… Voilà qu’ils s’arrêtent, ils se sont probablement assis par terre : décidément ce ne sont pas des touristes ! 

J’entends ainsi vaguement une fille venant de dire « j’ai beaucoup trop froid », une autre « je suis frigorifiée », « Mél, j’ai trop froid »… Mél drôle de prénom… ça ne ressemble à rien ça « Mél », ce doit être moderne. 

Qui sont-ils donc ? 

Voilà enfin une énigme de taille qu’il nous faut résoudre mon cher ami.

 

 

Bon écoutons ce qu’il se passe… Il vous semble qu’ils écrivent ?!? 

…Mais vous avez tout à fait raison ! J’entends les pages se tourner, les crayons de bois frotter contre les feuilles. Que peuvent-ils écrire ? ou peut-être dessinent-ils ? Peut-être ma tombe est-elle le centre de leur attention ?

Ô me voilà rêveuse, je les imagine s’attarder sur ma tombe, s’interrogeant sur la petite Alice, comment j’ai vécu 145 ans plus tôt, ce qu’il a pu m’arriver, pourquoi je suis morte à 14 ans…

 

Non stop ! Alice arrête ! L’espoir et les rêves ne sont pas toujours bons pour toi !

 

Redevenons rationnelle, le lieu n’a pratiquement aucun intérêt visuel, disons donc qu’ils sont en train d’écrire ! Dans ce cas écrivent-ils des poèmes lyriques ? Ou des poèmes gothiques ? Un cimetière semble se prêter à la poésie, pourtant le Père-Lachaise n’est pas un cimetière ordinaire. Cela pourrait être autre chose que de la poésie…

 

Mystère !

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Marguerite Stopin

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