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ATELIER D'ECRITURE

Portraits d'Anciens élèves

du lycée Chaptal de Paris

 

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SYLVIA

par

Ambre Linard-Celma

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Me promenant dans le marché aux puces de Saint-Ouen je me dirigeai vers une échoppe remplie de tableaux.

 

Tableau 1 : 

Le premier tableau de l’exposition représente une jeune femme, ses mains sont peintes à l’huile d’une teinte claire qui donne l’impression d’une douceur extrême. Elle porte une bague à l’annulaire droit, une à l’annulaire gauche et une troisième au majeur de la même main. Son pull est brossé avec un vert foncé qui s’accorde avec la couleur de ses yeux. Elle porte une veste noire. Des traits fins se dessinent sur son doux visage. Elle a des cheveux noirs très frisés. Sa silhouette est grande et élancée, et elle a un petit sac bandoulière noir. Elle porte un jean bleu et des bottines de la même couleur que son sac. Un tote bag avec des petits dessins enfantins et colorés, comme dessinés à la craie, est posé sur son épaule droite. On voit se dresser au second plan, un panneau lumineux indiquant « cinéma ». Elle est au premier plan avec ce qui semble être une de ses amies.

 

Tableau 2 : 

C’est dans le musée Picasso que se déroule la scène de l’œuvre suivante. Plus âgée cette fois-ci, la même femme est en train de donner des indications sur le placement des œuvres. Elle communique beaucoup avec ses collègues. Elle a l’œil vif, et a l’air attentive, elle semble se laisser porter par son intuition artistique. Elle doit changer facilement de point de vue et rester ouverte à toutes les propositions qu’on lui fait. Elle semble aimer la nouveauté, le changement, l’imprévu. On a le sentiment qu’elle prend plaisir à organiser des expositions destinées à être vues par les autres, c’est peut-être une façon de faire partager aux gens ce qui la touche et ce qu’elle aime.

 

Tableau 3 : 

Le troisième tableau représente une salle de classe. Des élèves sont en train de dessiner sur leur carnet. On dirait qu’ils tentent de reproduire l’image projetée au tableau ; des dessins gravés dans la pierre représentant des hommes de profil avec une barbe pour la plupart. Pendant ce temps, la femme du portrait semble occupée à son bureau sans doute à faire l’appel ou à faire l’inventaire du matériel à sa disposition. Les élèves sont trop grands pour être en maternelle ou en primaire, mais encore trop jeunes pour être au lycée. La jeune femme a l’air détendue, à l’aise. On voit, affichés sur les murs de la salle de classe, le schéma d’une ferme avec ses animaux, et un poster en faveur de l’égalité des sexes.

 

Tableau 4 :

Il s’agit de la même femme, mais plus jeune. Elle est dans la salle à manger d’une maison remplie de vieux objets, avec un garçon légèrement plus jeune qu’elle. Ils dévorent tous deux à pleines dents des bubalés avec du sucre que leur mère vient de préparer. La toile semble s’animer ; la petite fille dévore tout aussi avidement des yeux un tableau accroché au-dessus de la table et s’approche pour toucher la toile de ses mains douces et pleines de sucre… « Sylvia ! crie sa mère, Arrête !! »

 

Tableau  5 : 

Sylvia, donc, se tient cette fois devant une œuvre très particulière représentant des aliments en décomposition. On reconnaît les colonnes et les grandes fenêtres du Palais de Tokyo derrière ses parents et elles. Elle porte une robe rouge que les contrastes et le glacis dotent d’une certaine fluidité. Elle tient la main de son père. Ses grands yeux scrutent l’une des œuvres avec admiration, laissant apparaitre le camaïeu de vert qui remplit ses iris. Un sourire semble se dessiner sur son visage. Elle a l’air d’observer avec attention ce que d’autres voient seulement comme quelque chose de révulsant. Elle parait intriguée. Déconcertée. Captivée. Sylvia est calme, elle réfléchit, elle observe.

 

Tableaux 6 : 

Sur ce tableau-ci se dessine une pièce décorée de multiples plantes vertes et de tentures rouges sur des murs blancs, avec des étagères en bois. Sur ces dernières, il y a un nombre considérable de livres, de DVD et de numéros de Télérama. Sur la table basse il y a un ordinateur ouvert sur la page du site internet de madmoizelle.com, des copies, une tasse de thé vide et une bougie parfumée, dont un dégradé gris s’échappe et semble indiquer que la flamme vient juste de s’éteindre. On voit dans la cuisine, Sylvia avec son compagnon, leurs mains occupées, lui par la vaisselle et elle par la cuisine. Ils semblent absorbés par leur discussion. Sur le frigo il y a des cartes postales et des photos d’elle au Togo, fixées avec un aimant représentant le drapeau breton. 

 

Tableau 7 :

Enfin, sur le dernier tableau, on la voit en train de rire, entourée de ses amies, les mains dans la pâte humide essayant de donner une forme à son morceau de grès. L’une d’elles choisit la musique car Sylvia n’aime pas choisir, elle préfère la radio. Des pots de peintures de toutes les couleurs envahissent la table basse. Il y a sur le mur, un planisphère avec des puces rouges placées sur le Japon, le Maroc, l’Indonésie et le Kenya. 

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