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Les jouets métaphysiques : une poupée russe



On n’a pas besoin de la décrire, tout le monde la connaît. On prononce son nom et surgit la petite poupée de bois aux formes simples façonnées au tour : un renflement pour la tête, un renflement pour le corps. Une base de rouge, quelques touches d’or un peu de bois nu. Peut-être du bouleau. Métaphore de l’emboîtement, image saisissante de la mise en abyme, la poupée gigogne invite à l’infini miniature. Entre nos mains, la relation d’inclusion, le comparatif d’infériorité. Sous nos doigts, l’idée mathématique. D’un geste de rotation du poignet, nous dégageons les lois de la sociologie : la matriochka enfante la figure du même, elle exhibe bourdieusement ce que reproduction de soi veut dire. Tout cela est acquis.Mais ma poupée russe à moi avait perdu sa suite ; elle était seule et vide, isolée, sans la notion de sa cause, sans rien qui justifie sa rondelette existence. A la fois orpheline et stérile, sans lignée, ni plus ni moins grosse de rien, elle était incomparable, privée de signe et de sens. On ne comprenait même pas à quoi elle devait ce doux nom de poupée.


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